Pour un Centre de Formation d’Apprentis (CFA), Qualiopi n’est pas une option de confort : c’est le sésame obligatoire pour percevoir les financements liés au contrat d’apprentissage.
Depuis la réforme de 2018 et la transformation profonde du financement de l’apprentissage, les CFA doivent démontrer qu’ils respectent un cadre rigoureux, tant sur le plan administratif que pédagogique.
Les auditeurs Qualiopi sont particulièrement attentifs à cette catégorie, car l’apprentissage engage non seulement des fonds publics, mais aussi l’avenir professionnel d’un jeune.
Une catégorie d’action spécifique : l’apprentissage
L’apprentissage est une catégorie à part dans le Référentiel National Qualité.
Elle impose au CFA de prouver que chaque apprenti bénéficie d’un parcours structuré, respectant les attendus du diplôme visé, et que l’alternance entre l’entreprise et le centre de formation est équilibrée et qualitative.
Le CFA doit donc démontrer :
- la cohérence du parcours,
- la qualité du suivi,
- l’adéquation des méthodes pédagogiques,
- la communication régulière avec l’entreprise,
- et la sûreté administrative du contrat d’apprentissage.
L’importance du financement par France Compétences
Le financement d’un CFA dépend directement des niveaux de prise en charge fixés par les branches professionnelles via France Compétences. Qualiopi vient garantir que ces fonds sont utilisés selon un processus transparent et conforme.
Un CFA non certifié, ou mal audité, risque donc :
- l’impossibilité de percevoir les financements apprentissage,
- la suspension de l’activité,
- ou un contrôle renforcé.
Les attentes des auditeurs pour les CFA
Le suivi réel des apprentis
Un premier axe important de l’audit concerne le suivi des apprentis. L’auditeur veut s’assurer qu’un CFA ne se contente pas d’inscrire des jeunes puis de disparaître, mais qu’il les accompagne réellement tout au long de leur parcours.
Très concrètement, cela se traduit par l’examen des dossiers individuels : présence en cours, retards, absences, relances, entretiens de suivi, décisions en cas de difficultés. Le CFA doit démontrer qu’il identifie les risques de décrochage et qu’il met en œuvre des actions pour y répondre. Ce n’est pas seulement une obligation Qualiopi, c’est une responsabilité éducative.
La relation avec l’entreprise d’accueil
Le second axe d’attention est la qualité du lien entre le CFA et les entreprises qui accueillent les apprentis. L’apprentissage repose sur un principe simple : ce qui se passe en entreprise n’est pas “hors champ”, mais au cœur du projet.
L’auditeur cherche donc des traces de cette relation : comptes rendus de visite, échanges avec les maîtres d’apprentissage, ajustements entre le CFA et l’entreprise lorsque des difficultés apparaissent, retours sur les compétences travaillées en situation réelle.
Un CFA qui n’a quasiment aucune preuve écrite de lien avec les entreprises envoie un très mauvais signal : cela revient à dire qu’il ne suit que la moitié du parcours de l’apprenti.
La structuration pédagogique et la conformité au diplôme
Enfin, le troisième pilier observé est la cohérence pédagogique. Le CFA doit être capable de montrer que son programme n’est pas improvisé, mais qu’il découle du référentiel du diplôme ou du titre visé.
L’auditeur examinera la façon dont les séquences pédagogiques sont planifiées, comment les évaluations sont organisées, comment la progression est suivie et comment le CFA s’assure que les apprentis atteignent bien les compétences attendues.
Là encore, la question centrale est toujours la même : “Pouvez-vous me le prouver ?”.
Ce que Qualiopi change concrètement pour un CFA
Dans le référentiel national qualité, l’“action de formation par apprentissage” est traitée comme une catégorie spécifique.
Le CFA n’est pas seulement un organisme qui dispense des cours : c’est un acteur au centre d’une relation tripartite entre l’apprenti, l’entreprise d’accueil et les financeurs.
Qualiopi impose au CFA de montrer qu’il ne se contente pas d’ouvrir des salles et de dérouler un programme. Il doit prouver qu’il organise l’alternance de façon cohérente, qu’il suit l’apprenti dans la durée, qu’il collabore avec le maître d’apprentissage, et qu’il respecte les référentiels des diplômes préparés.
L’audit ne porte donc pas seulement sur les contenus, mais sur la manière dont tout ce petit monde fonctionne ensemble.
Tableau – Synthèse des attentes Qualiopi pour un CFA
Domaine contrôlé | Ce que l’auditeur veut vérifier | Exemple de preuves typiques |
|---|---|---|
Suivi des apprentis | L’apprenti est réellement accompagné tout au long de son contrat | Dossier individuel, relevés d’assiduité, comptes rendus d’entretiens |
Lien avec l’entreprise | Le CFA maintient une relation active avec le maître d’apprentissage | Traces de visites, échanges écrits, bilans intermédiaires |
Conformité pédagogique | Le parcours respecte le référentiel du diplôme | Planning de formation, référentiels, évaluations, grilles de compétences |
Information & droits de l’apprenti | L’apprenti connaît ses droits, devoirs et règles de vie | Livret d’accueil, règlement intérieur, supports d’information |
Qualité & amélioration continue | Le CFA analyse ses résultats et se remet en question | Tableaux de bord, indicateurs (réussite, rupture, satisfaction), plans d’action |
“Qualiopi pour les CFA” revient, en réalité, à répondre à une question simple : un CFA est-il capable de montrer, noir sur blanc, qu’il remplit sa mission auprès des apprentis et des entreprises, dans le respect du cadre légal et des exigences de qualité ?
Ceux qui ont des pratiques solides et qui acceptent de les formaliser passent l’audit avec une relative tranquillité. Les autres découvrent que ce n’est pas l’auditeur qui est sévère, mais le système qui, enfin, demande des preuves là où l’on se contentait trop souvent de paroles.