RNCP : comprendre les blocs de compétences

Quand on prépare une certification RNCP, les blocs de compétences deviennent vite le cœur du sujet. Pas parce que c’est “à la mode”, mais parce que c’est ce qui rend une certification lisible, évaluable et cohérente aux yeux de France compétences… et surtout utile pour le terrain (employeurs, candidats, financeurs).

L’erreur la plus fréquente, c’est de confondre “bloc” et “module de formation”. Un module, c’est une organisation pédagogique. Un bloc, c’est une portion certifiante du métier, construite autour d’activités réelles et de compétences professionnelles démontrables.

Bloc de compétences : de quoi parle-t-on exactement ?

Un bloc de compétences correspond à un ensemble cohérent de compétences professionnelles liées à une ou plusieurs activités du métier visé. Il doit pouvoir être évalué et validé de manière identifiable.

Dit autrement : un bloc n’est pas une simple thématique (“communication”, “gestion”, “outils”). C’est plutôt une capacité professionnelle complète sur un périmètre précis : par exemple, “cadrer un projet et formaliser le besoin”, ou “mettre en œuvre une action commerciale et en mesurer les résultats”. On doit pouvoir dire : “si cette personne valide ce bloc, elle sait faire X, dans des conditions proches du réel”.

Pourquoi le découpage en blocs est central au RNCP

Les blocs servent d’abord à rendre la certification structurée et compréhensible. Ils permettent aussi d’organiser l’acquisition des compétences de façon progressive, ce qui colle mieux à la réalité des parcours (formation continue, alternance, VAE, reconversions…).

Mais attention : “progressif” ne veut pas dire “morcelé”. Des blocs trop petits finissent par ressembler à des unités pédagogiques. Et des blocs trop larges deviennent difficiles à évaluer correctement. L’enjeu est donc de trouver une taille “juste” : suffisamment autonome pour avoir du sens, suffisamment cadrée pour être évaluée proprement.

La bonne méthode : partir du métier, pas du plan de cours

Un découpage robuste commence toujours par le référentiel d’activités. On observe ce que fait réellement le professionnel : ses missions, ses responsabilités, les situations de travail, les livrables attendus, les contraintes et les interactions. 

Ensuite seulement, on traduit ces activités en compétences : ce que la personne doit savoir mobiliser (savoirs, savoir-faire, comportements pro) pour réussir dans ces situations. À ce stade, on évite une dérive classique : lister des compétences “génériques” déconnectées du métier. Les compétences doivent rester professionnelles et contextualisées.

Enfin, on regroupe ces compétences en blocs, avec une logique simple : chaque bloc doit correspondre à une partie identifiable du métier, exercée de façon suffisamment autonome.

Ce qui rend un bloc “solide”

Un bloc solide se reconnaît souvent à la manière dont on peut le décrire sans jargon. Si tu arrives à l’expliquer en une phrase claire (“ce bloc certifie la capacité à …”) et que ça parle au monde pro, tu es sur la bonne voie.

Ensuite, il faut que le bloc soit évaluable : pas juste “connaître”, “comprendre” ou “maîtriser” dans l’abstrait, mais démontrer une capacité à agir. C’est là qu’entrent en jeu les modalités d’évaluation : mise en situation, étude de cas, production d’un livrable, soutenance, observation en entreprise… L’important est la cohérence entre ce que tu annonces certifier et la façon dont tu le vérifies.

Enfin, un bloc solide doit être validable : on doit pouvoir attester officiellement qu’il est acquis (même si la certification complète ne l’est pas encore). Ce point paraît évident, mais il change tout : sans preuve claire de validation, le bloc perd sa fonction “capitalisable”.

L’articulation des blocs : éviter le “puzzle” incohérent

Avoir des blocs séparés ne suffit pas. Il faut que l’ensemble raconte une histoire logique : le métier visé doit être couvert sans doublons inutiles et sans zones floues.

Le piège, c’est de répéter les mêmes compétences dans plusieurs blocs “par sécurité”. Résultat : l’évaluation devient confuse (on ne sait plus quel bloc valide quoi), et la lecture du dossier perd en clarté.

Autre piège : créer un “bloc transversal” fourre-tout (communication, outils, posture, etc.). Les compétences transversales ont leur place, mais elles doivent rester ancrées dans l’activité professionnelle, sinon elles ressemblent à des objectifs pédagogiques et non à des compétences certifiantes.

Un bon test : si on enlève un bloc, est-ce que le métier devient incomplet ? Et si on garde un seul bloc, est-ce qu’il correspond à une vraie portion de métier exploitable ? Si la réponse est “non” dans les deux cas, le découpage doit être retravaillé.

Mini check-list avant dépôt

Pour vérifier rapidement la solidité de tes blocs, pose-toi ces trois questions :

  • Est-ce que chaque bloc correspond à une activité professionnelle identifiable et suffisamment autonome ?

  • Est-ce que les compétences sont évaluées avec une modalité qui colle au réel du métier ?

  • Est-ce que l’ensemble des blocs couvre le métier sans trous et sans répétitions inutiles ?

Conclusion : des blocs clairs = une certification plus lisible et plus robuste

Comprendre les blocs de compétences, c’est adopter la bonne logique RNCP : on ne certifie pas des cours, on certifie la capacité à exercer un métier, par activités, compétences et preuves d’évaluation.

Pour un organisme de formation, c’est aussi un vrai levier : mieux structurer son référentiel, mieux sécuriser son dossier, et proposer des parcours plus modulaires sans perdre l’exigence de la certification.

Restez à la pointe de la formation pro

BMG-consulting vous recommande la newsletter Digi-Certif : actus CPF, RS/RNCP, Qualiopi, outils pratiques et alertes utiles — directement dans votre boîte mail.

> Vous devriez également aimer