Pour un organisme de formation, la question « RNCP ou RS ? » apparaît dès qu’il s’agit de rendre une offre certifiante lisible et finançable. Ces deux répertoires répondent toutefois à des logiques différentes, encadrées par France compétences, l’autorité nationale qui régule la certification professionnelle et tient à jour les répertoires.
L’objectif de cet article est de t’aider à comprendre ce qui distingue le RNCP du Répertoire spécifique (RS), et surtout comment faire un choix cohérent avec ta stratégie.
1. RNCP : une qualification complète, orientée métier
Le Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) recense les certifications qui valident l’aptitude à exercer un métier ou une fonction complète. C’est ce répertoire qui porte la notion de « niveau de qualification » (du niveau 3 au niveau 8), telle que définie par le code du travail et pilotée par France compétences.
Il donne un signal fort aux employeurs comme aux actifs : la certification RNCP correspond à un repère métier reconnu au niveau national, accessible via le site de France compétences et largement utilisé par les RH et les acteurs de l’orientation.
Concrètement, une certification RNCP est structurée en blocs de compétences, chacun lié à des activités professionnelles décrites. Le certificateur doit démontrer que ces blocs permettent réellement d’occuper des postes identifiés et fournir des données d’insertion ou d’évolution professionnelle (emplois occupés, type de contrats, progression de carrière…).
Le RNCP est donc adapté aux titres qui visent :
- la reconversion ou la montée en qualification,
- la professionnalisation de publics déjà en activité,
- la diplomation d’un parcours existant, y compris via la VAE.
Pour un organisme, viser le RNCP, c’est accepter un travail approfondi sur le référentiel métier, la cohérence pédagogique, les modalités d’évaluation et le suivi des certifiés après la formation.
2. Répertoire spécifique (RS) : des compétences complémentaires, ciblées
Le Répertoire spécifique (RS) ne vise pas une qualification globale mais des compétences professionnelles complémentaires aux certifications professionnelles.
La définition donnée par France compétences est claire : y sont enregistrées, pour une durée maximale de cinq ans, des certifications et habilitations correspondant à des compétences complémentaires, pouvant le cas échéant être rattachées à des blocs RNCP.
On parle ici de maîtrise d’un outil, d’une méthode, d’une spécialisation ou encore d’une habilitation réglementaire (sécurité, conduite d’engins, procédures spécifiques, etc.).
Une certification RS ne porte pas de niveau de qualification, mais elle doit démontrer une valeur d’usage : la compétence visée doit être mobilisée en situation de travail, répondre à un besoin du marché et améliorer l’employabilité ou la performance des bénéficiaires. Le référentiel doit être précis, et les modalités d’évaluation robustes (mises en situation, études de cas, productions professionnelles).
Le RS s’adresse plutôt à des publics déjà qualifiés ou en poste, qui ont besoin de sécuriser un pan spécifique de leur activité, d’obtenir une habilitation ou d’acquérir une expertise complémentaire à leur métier de base.
3. RNCP vs RS : les différences qui comptent
RNCP | RS | |
|---|---|---|
Type de reconnaissance | Qualification complète, avec niveau et métier repère | Compétence ciblée, qui complète ou permet d’exercer une activité |
Usages principaux | Parcours longs, reconversions, alternance, certifications qui structurent un métier | Modules courts, spécialisations, mises à jour de compétences, habilitations obligatoires |
Charge de travail | Dossier en général plus lourd, surtout sur l’insertion dans l’emploi | Exigeant aussi (pertinence éco, preuves d’usage, données de suivi), avec un taux de rejet très élevé |
Impact / positionnement | Devient souvent le produit phare du catalogue, repère clair pour les RH | Permet de proposer des briques de compétences modulaires, très lisibles pour les entreprises |
4. RNCP ou RS : les bonnes questions à se poser
Pour sortir du réflexe « RNCP = mieux que RS » et faire un vrai choix stratégique, tu peux t’appuyer sur une mini-grille de lecture :
- Ta promesse principale porte-t-elle sur l’accès à un métier complet ou sur l’acquisition d’une compétence complémentaire clairement délimitée ?
- Tes publics sont-ils surtout en reconversion ou déjà en poste avec un besoin de spécialisation ciblée ?
- Disposes-tu de données (ou de moyens d’en collecter) sur l’insertion et l’évolution des futurs certifiés ?
- Ton organisation a-t-elle la capacité de porter un projet lourd de type RNCP, ou un périmètre RS constitue-t-il une première étape plus réaliste ?
- À moyen terme, cherches-tu à bâtir un titre structurant pour ton offre, ou plutôt une palette de certifications de compétences agiles à articuler avec tes parcours existants ?
Ces questions ramènent le sujet sur son terrain naturel : ta stratégie de certification, tes ressources internes et les besoins concrets de tes clients.
5. Un choix technique… mais surtout stratégique
RNCP et RS peuvent tous deux ouvrir la voie à des financements (CPF, financements opérés par les OPCO, dispositifs internes des entreprises), à condition que la certification soit effectivement enregistrée dans le bon répertoire et lisible pour les financeurs.
Le sujet n’est donc pas seulement administratif. C’est un choix qui engage ton organisme pour plusieurs années : durée d’enregistrement, mises à jour des référentiels, suivi des certifiés, demandes de renouvellement.
Les projets qui réussissent sont ceux qui alignent clairement trois dimensions : besoin du marché, promesse pédagogique et répertoire adapté.
Certains organismes optent d’ailleurs pour des stratégies combinées : un titre RNCP qui structure le cœur de l’offre, complété par des certifications RS ciblées sur des compétences clés.